Lau : Ouin, je sais. Mais hey j’y repensais l’autre fois, tsé à mon premier souvenir de quand ça a commencé. 

Jackie : Pis?

Lau : Bin, hey mon premier premier souvenir, c’est environ en sixième année, j’avais eu une paire de jeans neuve, pis je me suis rentrée la bedaine pour qu’il me fasse. J’avais genre 11 ans. 

Pis mon deuxième souvenir, c’est quand j’étais secondaire un, il y avait les gars qui mettait leur deux pouces ensemble pour genre mesurer la largeur du cul des filles. Pis fallait que tu fit là-dedans sinon tu étais comme pas fourabble… 

Pis, y’a aussi en sec 2 quand on a mesuré notre IMC pis que j’étais genre dans un peu obèse, pis que j’avais des amis dans le genre trop maigre. Je ne me sentais pas correct, je me suis sentie pour la première fois que je n’avais pas le bon corps. 

Ouin… pis le prof qui passait toute les filles et qui disait : Toi tu dois maigrir, toi tu dois faire des abdos. (genre selon la grosseur). 

Jackie : Hein bin voyon toi! Lau je ne peux pas croire ce que tu me dis! 

Ouin, je te jure c’est arrivé. 

Et à partir de là, j’ai eu des amoureux, pis il me semble que je me sentais jamais assez belle ou avec le bon corps, la bonne grosseur. J’ai souvent laissé mes petits chums du secondaire, parce que je me disais qui méritait une plus petite et plus belle fille que moi. Bref, c’est intense, hein?

Pis en secondaire 4, je me suis mise à faire beaucoup de sport pour MAIGRIR pis je portais de gros coton ouaté, parce que tsé personne ne devait voir mes gros bras. 

Jackie : Voyons Lau, je ne savais pas ça. 

Lau : Ouin, j’en parle pas full full, mais genre c’est là que ça a dérapé. Que j’ai commencé à me faire vomir presque chaque jour. Ma mère m’a entendue une fois dans la douche, mais à l’époque. Autre temps, autre mœurs. Elle n’a pas trop su quoi faire. Elle a essayé de m’aider du mieux qu’elle pouvait… Mais ça a continué jusqu’à l’université. Manger. Vomir. Pleurer. Me frapper dans la face parce que je me haïssais d’être grosse. Je criais dans ma salle de bain, je me pinçais la peau du ventre pis criss je l’aurais coupé si j’avais pu. 

Jackie : Lau, tu as fait comment pour t’en sortir?

Lau : Bin… une psy de mon école m’a aidé et un moment donné je me suis dit que ça ne pouvait pas continuer, que je pouvais pu me faire subir ça. Bref, j’ai réussi à arrêter et à changer ma perception. J’ai vu une nutritionniste et j’ai compris que, finalement, me peser chaque jour, ça m’enlevait ma bonne humeur. À ce moment-là, j’ai jeté la CR*** de balance à la poubelle. 

Je me suis entourée de personnes positives qui bougeaient pour le fun. Merci à Jass Pré, elle ne le sait pas, mais c’est grâce à elle qu’aujourd’hui je bouge sainement. 

Bref, ça été long, un bon 10 ans. Un bon 10 ans à souhaiter de perdre 10 lbs pour mon prochain anniversaire. WTF. J’attaquais mon corps pour m’aimer plus en photo. Pis sais-tu c’est quoi le pire? Quand je regarde les photos de cette époque-là maintenant, je trouve que j’étais tellement belle. 

Pis aujourd’hui depuis  10 ans ça va mieux. Vraiment mieux. Je n’ai pu ce combat à l’intérieur. Je mange pour le plaisir et je bouge pour le plaisir. Je n’ai jamais été aussi bien mentalement. Pour vrai tsé. Cette pression, je ne la veux plus jamais. C’est pour ça que je me bats contre la culture des diètes. Ça nous fait sentir imparfaites, même si on est parfaites. Je ne me pèse plus. Le chiffre ne veut rien dire. Je veux juste être bien. Pis j’ai enfin compris que TOUS les corps sont beaux. Pour vrai. Que toutes les filles peuvent mettre un top de sport ! Que toutes les filles ont le droit de bouger ! 

Ça t’es-tu déjà arrivé toi Jackie? 

Jackie : Lau..savais-tu que mon deuxième nom bin c’est Laurie. 

– Jackie et Laurie Castonguay